Je l’avoue, j’étais très sceptique sur l’utilisation, à mon niveau, des prolongateurs de cintre, je pensais qu’ils étaient réservés aux chasseurs de chrono ou au triathlètes …
À ma décharge, quand Greg Lemond les a utilisés sur le dernier chrono du Tour de France 1989 pour ravir le maillot jaune à Laurent Fignon (beaucoup n’ont retenu que ce tour perdu pour 8 secondes, soit 80 mètres environ, dans la carrière de Laurent Fignon, c’est plus que réducteur), des messieurs comme Bernard Hinault ou Cyrille Guimard étaient eux aussi plus que sceptiques (et anti-ricains sans doute), pourtant ce guidon était utilisé depuis quelques temps, notamment par les américains et quelques études avaient démontré un réel gain de performance … Greg Lemon portait aussi un casque profilé …
Mon scepticisme tenait à ma pratique, que je juge pas assez sportive (au sens de la recherche du chrono) et à cette position, proche de l’œuf très aérodynamique recherché par les descendeurs à ski (c’est ce qui était recherché par son concepteur, Boone Lennon, ancien technicien de l’équipe américaine de ski) que je pensais peu confortable et entravant la respiration …
Pourtant les triathlètes l’avaient adopté justement pour reposer leurs bras bien fatigués par l’épreuve de natation et les études avaient prouvé que cette position ne refermait pas la cage thoracique et que l’appui sur les avant-bras permettait un relâchement de la musculature dorsale, cervicale et thoracique et des muscles inspiratoires de réserve (in « Les grandes premières du Tour de France » de JP Mondenard aux Éditions Hugo Sport) … Que du bon quoi, y compris pour la respiration … Des essais en soufflerie avaient été réalisés, quoique qu’en dise Cyrille Guimard (qui est un grand monsieur dans l’histoire du cyclisme) et un gain de 2 minutes aux 40 km était évalué.
Pour la petite histoire, l’utilisation de ce guidon fut permise à Greg Lemond sur le Tour 1989 (il l’utilisa deux fois sur ce tour, dont sur le premier contre-la-montre, ce qui aurait dû donner à réfléchir à messieurs Guimard et Fignon, pourtant asses modernes) grâce à Eddy Merckx qui appuya la décision des juges d’accepter l’utilisation de ce guidon sur le Tour.
J’utilise donc ces extensions de cintre depuis quelques temps, pense avoir trouvé le bon réglage (hauteur, inclinaison, longueur) et peux attester de leur efficacité : confort et rendement sont réellement au rendez-vous ! Je me surprends même à passer en position dès que la route le permet (bon bitume, des virages pas trop prononcés, pas trop de circulation, je pense qu’il est plus difficile de garder la position quand un véhicule, de gros volume, te double et crée des perturbations). Et le les laisse toujours en place, une originalité de plus qui questionne avec mon porte-bagage Tailfin …