Idées (encore)reçues sur le vélo de garnotte, curriculum vitae, digression

Je dis vélo de garnotte car j’ai l’idée reçue que nous employons trop d’anglicismes, j’emprunte donc le terme employé par nos cousins d’outre-atlantique, la garnotte étant de la pierre concassée utilisée pour le revêtement de certaines routes, le gravier quoi, le gravel.

Quelques idées reçues entendues encore récemment sur ce vélo :
« C’est quoi ce vélo de route avec des gros boudins ? »
« C’est un cyclo-cross ! » 
« Tu dois t’emmerder sur la route ! »
« Tu dois t’emmerder sur les chemins ou en tout-terrain ! »
« Ça doit secouer ! »
« Mais qu’est-ce que tu fous là avec ce vélo ? »
« Une tige télescopique, ça sert à rien sur un Gravel ! »
« Ça marchera pas ce truc ! »

Bien sûr, j’ai envie de donner mon avis sur ces idées reçues …

Tout d’abord, ma petite pratique de ce vélo depuis bientôt 2 ans me fait affirmer que ça marche ! Ce vélo est vraiment le tout-en-un : vélo pour aller travailler, vélo pour flâner, vélo pour appuyer sur la route et accrocher de purs routiers, vélo pour partir sur ce chemin en terre en droite juste pour voir où il va, vélo pour grimper, vélo pour descendre, vélo pour voyager (avec sacoches, même quand ça secoue, j’insiste, allez fouiner dans mon blog, vous comprendrez), etc.
Ce vélo passe vraiment partout ! Pour ma part, je suis passé dans des coins vraiment orientés VTT : la caillasse des Corbières lors de mon RBCC, les drailles de l’Aubrac, le goudron du Mont Ventoux, pour ne citer que mes dernières aventures à son guidon …

J’ai d’abord connu le vélo gamin au guidon d’un superbe vélo Gitane bleu dans les années 70 (Ocana, Merckx, Poulidor, Thévenet, Zoetemelk, Van Impe, les débuts d’Hinault, sacrée période …) avec lequel je roulais dans mon quartier (et un peu plus loin, mais il ne fallait pas se faire attraper par les parents) avec mon copain Philippe (Ah, la Rue du Canigou portait bien son nom !). On s’amusait à accrocher un bout de carton au hauban avec une pince à linge pour faire pétarader nos machines. J’avais même fabriqué un carénage en carton aux couleurs de la Yamaha de Giacomo Agostini …

Je digresse souvent … Ensuite j’ai eu un bicross tout suspendu avec le passage de vitesse sur le tube supérieur façon levier de vitesse de voiture, une selle de moto, le poids d’une moto aussi.
J’ai fait beaucoup moins de vélo ensuite … Un Raleigh dans les années 80, jaune fluo – vert – rose, les couleurs de l’époque.
Je me suis mis au VTT sérieusement en 1995, avec Pierre-Yves comme mentor, au guidon d’un superbe Orbéa Mustang chromo chromé que j’ai équipé d’une Marzocchi XCR, équipé en Shimano STX RC … J’ai vite mordu au truc et ai acquis un très beau EMERY Tertio et suis passé enfin très vite au titane : d’abord un Muddy Fox customisé (Hope, Fourche SUNN Obsys 50, roues Industry Nine, freins et pédalier XTR, manettes et dérailleur arrière Billet Precision Proshift) et en 2008 mon VTT actuel, un Titus Racer-X tout-suspendu que j’ai monté moi-même (Sid World Cup, SRAM Eagle XO, roues Hope-ZTR Olympic-DT Swiss, freins Hope, New Ultimate, tige de selle télescopique, monoplateau Truvativ Stylo carbone…)

Pourquoi et comment suis-je passé au vélo de garnotte ? D’abord parce que je me suis mis à la route en rachetant à un ami un collector LOOK KG381 pour faire du foncier l’hiver car je n’aime pas la gadoue …
Je me suis régalé avec ce vélo sur les petites routes du coin (je recherche toujours les petites routes au mauvais revêtement, avec des brins d’herbe au milieu, tu roules tranquille) et me suis amusé parfois avec à rouler sur du gravier … Les randonneuses des congés payés, les cyclomuletiers le faisaient, bien chargés en plus, rien de nouveau …
Je n’ai donc pas été insensible à l’arrivée de ce « nouveau » vélo, le Gravel. Nouveau entre guillemets car il ne fait « que » reprendre des principes existants déjà depuis bien longtemps mais améliorés.

L’intérêt de ce vélo sur le papier était d’enfin arrêter cette hyperspécialisation qui commençait tout de même à s’atténuer avec l’avènement (ou retour historique) des grandes roues : pour rouler tu dois avoir un enduro, un cross-country, un vélo de descente, un vélo de route, un aéro, et éventuellement un vélo de dirt ou un citadin, pourquoi pas un BMX ou un vélo trial …

Le vélo de garnotte ne fait pas tout ça mais je n’en ai pour ma part pas vraiment vu les limites : je suis passé avec lui dans des trucs pas possibles, du VTT très engagé, de la grosse caillasse. Bien sûr pas aussi vite, je réfléchis plus où poser la roue, je roule souple … J’ai gardé mon VTT (ne serait-ce que parce j’apprécie cette machine que je n’ai jamais réussi à prendre à défaut) mais je l’utilise vraiment moins souvent, je le garde pour des sorties spécifiques très caillouteuses (la Montagne d’Alaric, certains coins des Pyrénées, certains circuits à Bruniquel…). Mon vélo de garnotte m’a amené sur tous les terrains, il excelle et envoie sur les pistes en terre ou gravier, ne craint pas la caillasse (oui, tu te fais secouer, mais tu n’as pas mal ensuite) et il envoie bien sur la route.
Les vélos de garnotte maintenant ont fait l’objet de véritable réflexion de la part des bureaux d’études des marques, ils ont une géométrie spécifique, du matériel dédié, donc oui ça marche, non on ne s’emmerde pas dessus, oui ça passe partout, oui c’est un vélo tout-en-un qui t’amène à reconsidérer ta façon de pédaler.
Avec lui, je roule plus longtemps (j’ai fait bon nombre de sorties de plus de 8 heures, jusqu’à 15h et 18h30 sur route ou cyclable, sans avoir mal ensuite), plus long, plus loin, avec le même plaisir qu’en VTT ou lors de mes sorties route.
Vélo tout-en-un à bien équiper, notamment niveau développements …

Dernière réflexion au sujet de la selle télescopique : je viens d’en monter une dans cette idée de passer partout. Elle m’est très utile, à mon niveau, en VTT ; elle m’est déjà utile en garnotte puisque je passe aux mêmes endroits.

Et pour conclure, l’idée reçue « Le carbone, c’est pas confortable » : mon vélo est en carbone, les roues jouent bien sûr un très grand rôle (j’ai soigné aussi ce montage), si je n’ai pas mal sur et en descendant du vélo malgré les sorties que je peux faire, c’est que le confort est là … N’oubliez pas je roule avec un titane … Mais je n’avais pas le budget pour un vélo de garnotte dans ce matériau, j’ai choisi de l’originalité (ça existe en France) avec cette marque du Nord de la France, dynamique, STIFF, et je ne regrette pas. Moins loin, vous trouverez des magasins très dynamiques et impliqués si vous voulez voir et toucher la marchandise, c’est autorisé.

Il ne vous en faut qu’un : c’est un Gravel ! Acier, alu, titane ou carbone, simple ou double-plateau, le choix se fera en fonction du budget et de la dominante qu’on veut donner à sa pratique …

 

 

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