Rééditon d’un message déjà publié, le reconfinement nous empêchant d’aller nous promener sans contrainte de temps ou de distance …
Circuit en boucle au départ de Cominac et ses belles granges typiques à pignons à pas d’oiseaux, qui suit le GR de pays du tour du Val du Garbet, suit à flanc une superbe ligne de crêtes vers le Col de Vièle-Morte, monte à 1600 m sous le Tuc du Laguel et bascule vers l’étang de Lers.
La suite de la trace en tout cas jusqu’à Massat est présentée ici par la route, pour la simple et bonne raison que j’ai pris un gros grain au Port de Lers (je voulais basculer sur les sentes d’estive vers le Col de Rose), grain (avec quelques beaux éclairs et coups de Tonnerre, quand ça pète dans le coin des Trois Seigneurs, ça fait pas semblant) qui a duré et m’a obligé à faire au plus rapide, par la route. La pluie a cessé après Massat, j’ai rejoint le Col du Saraillé pour profiter de quelques jolis sentiers via Aleu pour revenir sur Cominac.
De magnifiques paysages et une superbe vue sur la chaîne pyrénéenne : Valier, Mont Rouch, Certescans, Trois Seigneurs, Journalade, etc. Des terrains variés, du technique par endroits, du relief aussi et donc du pousser ou du porter, de quoi passer une belle journée !
Je profite de ce message pour vous apprendre la réelle raison de cette architecture de pignons à pas d’oiseaux des granges de Cominac. La raison la plus souvent évoquée est la construction spécifique des murs de ces granges en grosses pierres de granit et des dalles qui forment les gradins, nommés « Peyrous » en patois du Couserans, faites elles de schiste et qui servaient à :
– protéger les murs pignons,
– donner un arrêt à la chaume et la protéger pour qu’elle ne pourrisse pas trop vite et devienne une proie facile pour les coups de vent,
– permettre d’accéder à la faitière, « cliero » en patois.
Il n’en est rien ! Les habitants de la vallée d’Aulus sont connus pour avoir donné quantité de montreurs d’ours, dès la fin du XVIIIème, et nombreux sont ceux partis faire fortune aux Etats-Unis. Les habitants de Cominac ont voulu aussi connaître leur heure de gloire et ont décidé à la même époque de s’attaquer à un autre mythe des Pyrénées : le dahut (ou dahu), animal encore plus discret que le Desman des Pyrénées.
Le dahut est un mammifère proche de l’isard. On le reconnait facilement grâce à ses deux pattes plus courtes d’un côté que de l’autre. Cette particularité lui permet de parcourir aisément les pentes abruptes, mais il est obligé de tourner toujours dans le même sens et se déplace donc ainsi sur les versants. Et pour se reproduire, mâle et femelle doivent donc se croiser, être l’un dextrogyre, l’autre levogyre, ce qui assure d’ailleurs un bon brassage génétique de l’espèce.
D’ailleurs, c’est à la vision d’un dahu que Darwin conclut sa théorie sur l’évolution et la sélection naturelle des espèces.
Seuls quelques spécimens ont pu être observés, ce qui ajoute au mythe et à la théorie niant l’existence de cet animal, voilà aussi pourquoi Darwin n’a jamais officiellement reconnu que cet animal l’avait inspiré pour sa théorie.
Les habitants de Cominac ont donc dressé ces murs à pignons en pas d’oiseaux (on devrait donc dire à pattes de dahut) pour attirer les dahuts lors de leur période de rut, l’animal appréciant les promontoires rocheux : le mâle monte d’un côté, la femelle de l’autre du mur, et ne peuvent redescendre si on leur bloque la voie ! Deux suites possibles à l’histoire : aucun dahut n’a jamais grimpé sur ces granges et une autre explication a été donnée pour ne pas être la risée des habitants de la vallée. Certains disent aussi qu’en fait quelques dahuts auraient été attrapé mais que les habitants ont préféré garder leur tranquillité et relâcher les animaux plutôt que faire la une des journaux de l’époque et de voir les touristes affluer. Nul besoin de postérité quand on a devant les yeux un tel paysage …
Trace http://www.visugpx.com/?i=1376919241
Voir aussi l’album photo http://cyclerit.canalblog.com/albums/ariege_2013___entre_salat__garbet_et_arac/index.html