« Psychiatrique ». En voilà un vilain mot ! Pourquoi ? Parce que trop souvent quand on prononce ce mot on voit des personnes enfermées, en camisole, bourrées de médicaments … Vilain mot qui fait peur. Caricature ?
Je sais bien que pour certains, l’internement est nécessaire, que tout contact avec la vie civile est difficile voire impossible, que ces personnes se mettraient en danger ou pourraient présenter un danger. C’est malheureux, c’est comme ça.
5 mai 2017 : j’organise comme chaque année une sortie VTT avec mes élèves et des adultes en situation de handicap pris en charge par l’Association Marie-Louise et leurs éducateurs, dont toujours Bruno. Théo, Vivian et Camille, résidents de la M.A.S. que je connais bien, sont de la partie. Petite nouveauté cette année, David, Vice-Président de l’association, me demande si on peut intégrer 4 adultes (2 le matin, 2 l’après-midi) qui ont une prise en charge psychiatrique. On se connaît bien, pas d’hésitation pour moi : Sandrine, Manuel, Christophe et Yann se joindront aussi à nous, accompagnés de 3 éducatrices.
Nous avons passé une belle journée ! Si une seule image devait me rester en mémoire, c’est le sourire de Sandrine assise au milieu des enfants, émerveillée par les beaux cheveux de Morgane ou d’Acelya ou lorsqu’elle est venue chercher des bonbons avec eux …
Je ne vous décris pas le vélo qu’a utilisé Sandrine, je ne serai pas monté dessus. Courageuse ! Appel à don pour Marie-Louise ou appel à investissement, ça vaut le coup …
Manuel aussi était content, mal aux fesses … Christophe et Yann ont roulé l’après-midi avec nous sur les deux tandems Marie-Louise. Très difficile pour Yann qui a de grosses difficultés de coordination motrice mais il a suivi.
Expérience donc plus que positive !
Vivian a fait le circuit complet avec moi sur mon tandem. Les enfants ont discuté avec lui, ont partagé leur repas (il est non-voyant). Il a une mémoire infaillible, il se rappelait des échanges que nous avions eus, il me posait des questions tout au long du circuit sur ce qui nous entourait (un bruit de tracteur : est-ce qu’il laboure ?), le nom des communes traversées, on est resté un long moment sur les terres de Cépet, il croyait que je lui faisais une blague car j’ai dû lui dire au moins dix fois « On est à Cépet » … Théo a roulé seul, il était content, je lui ai promis de lui faire une plaque de cadre (tous les enfants avaient à l’avant de leur vélo une étiquette plastifiée avec leur prénom et une illustration pour le groupe auquel je les avais affectés), il a eu peur par moment, il est descendu de vélo, a marché. Mes élèves lui ont fait une place auprès d’eux pendant le repas. En fin de journée, il m’a demandé quand on se reverrait, en rigolant avec son éducateur il m’a dit qu’il venait passer le week-end chez moi, je lui ai répondu qu’alors on allait faire du vélo !
Camille, toujours aussi bavarde, s’est régalée avec nous. Camille nous a bien dit d’aller voter et de ne pas nous tromper !
Belle journée ! Lundi, je proposerai à mes élèves une discussion pour qu’ils expriment leur ressenti sur cette journée qu’ils ont passée avec ces adultes en situation de handicap et qui ont besoin qu’on leur propose une aide appropriée et humaine pour pouvoir faire leur chemin dans la vie …