J’aime beaucoup ce terme de « vélosophie », tiré du « Petit traité de Vélosophie, réinventer la ville à vélo », beau programme de Didier Tronchet, aussi auteur de BD truculentes, dont je vous recommande chaleureusement la lecture.
Extrait :
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La différence d’attitude face au monde entre le cycliste et l’automobiliste, c’est au plus intime qu’on peut la saisir. Au niveau du cul (postérieur). Observons celui du cycliste ; légèrement en arrière, il favorise l’envol de la colonne vertébrale. La posture est proche de la statuaire antique. Elle induit une vision dynamique, un mouvement vers l’avant qui témoigne d’une belle confiance en ce que la vie lui réserve.
Le postérieur automobiliste, coincé au confluent du dossier et du siège, ne peut se permettre l’arrogance d’un cul cycliste, qui exporte ses fessiers aux confins sans limites de la selle. Non, tout racrapauté sur sa molle concavité, il implique chez son propriétaire une pose semi-fœtale, qui trahit son repli sur lui-même ; impression renforcée par la simili-coquille d’œuf galvanisée de son habitacle, illusoire parodie de sécurité placentaire car elle se brisera au premier gros choc.
Cette prostration évoque l’avachissement du téléspectateur dans son sofa. Dans les deux cas, la tête doit renoncer à tout port un tant soit peu altier. Dans les deux cas, l’image qui nous est renvoyée, d’une humanité au volant, ou d’une humanité devant l’écran, est indigne.
L’automobiliste nous objectera qu’il s’en fout, qu’en voiture on avance plus vite. Le cycliste objectera que si c’est au prix de la dignité, ce n’est pas avancer. C’est reculer.
Le cycliste, droit comme un i, juché sur un vélo hollandais, arbore un port de tête d’aristocrate britannique ou d’officier de l’armée des Indes. La tranquille majesté de son véhicule se transmet à lui par osmose. Cet ensemble étroitement imbriqué homme-machine dégage une incontestable impression de noblesse.
L’imbrication vaut aussi pour l’ensemble voiture-conducteur. À cette différence que l’automobiliste ne donne plus le sentiment de faire corps avec sa voiture, mais bel et bien d’en être prisonnier.
Que les portières puissent être déverrouillées à tout instant, et que la prison soit mobile, ne change rien à cette première vision négative offerte par l’automobiliste ; captif prostré dans une ambiance skaï, doublement privé de sa liberté par une carcasse de métal et par une ceinture qui fait de lui le prolongement organique du siège avant.
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Le mot de l’Éditeur :
À travers une foule d’anecdotes savoureuses, d’envolées théoriques implacables et volontiers cocasses, sans oublier quelques bouffées d’indignation pamphlétaires contre la barbarie automobile, ce Traité de vélosophie démontre, par l’humour, que le vélo est un outil libérateur de la pensée. Sur un ton léger, mais percutant, l’auteur propose une manière inédite de penser la ville, en passe de redevenir humaine après s’être vouée au totalitarisme motorisé. Aussi, quand vous verrez passer un cycliste, ne vous fiez pas à son allure inoffensive. Àsa façon il est en train de changer le monde.
Journaliste, humoriste, dessinateur, comédien et scénariste, Didier Tronchet, né en 1958, se définit avant tout comme un cycliste urbain libre et républicain. Il est notamment l’auteur de Raymond Calbuth et Jean-Claude Tergal, deux BD à succès.
La publication de ce message doit s’accompagner de mon départ à l’instant du bord du canal de Garonne à Castelnau d’Estrétefonds sur mon cher vélo de garnotte en direction de l’océan, via le canal puis la rive gauche de la Garonne par la cyclable du canal puis des petites routes et des chemins au plus près de la rive. Je ne devrais pas me perdre et lorsque je serai devant l’océan, je prendrai à droite pour traverser la Gironde à la pointe de Grave pour rallier Royan et la cinquantaine de bornes me restant à parcourir pour arriver au Grand-Village sur Oléron, quelques 400 km en tout plus loin et dans quelques heures … Là, je retrouverai Sylvie et mes enfants pour quelques jours de vacances … Et faire un peu de vélo sur les chemins et sentiers de cette belle île d’Oléron …
J’ai déjà écrit sur le sujet et je vais sans doute m’étendre si je réussis mon périple : le temps prend une autre dimension en vélo : il peut être un obstacle, il peut être un objectif, il peut ne pas importer …
Aujourd’hui, je devrai passer au moins 18 heures sur le vélo (sans compter les arrêts), autant – Ô temps ! – vous dire que j’ai le temps.
Parler de tout, de rien, penser à tout, à rien, à rien quand tu débranches tout car ça devient dur, à tout car tu as le temps, parler tout seul, parler pour ne rien dire, penser, je vais avoir du temps aujourd’hui pour cela et je vous raconterai ça … Je vais aussi prendre du temps pour profiter du paysage, dès que le soleil se sera levé, et prendre quelques photos …
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Quelques heures sur le vélo avec tout de même une petite prétention sportive bien sûr, je vais essayer de faire mon temps tout en le prenant, toucher à un petit exploit … Avec un petit peu de folie aussi … J’ai d’autres projets de ce type …