Circuit insolite dans Toulouse, en dehors de l’hyper-centre touristique (qui vaut la balade et dont on se rapprochera à plusieurs reprises) à travers les jardins, les cyclables et les piétonniers dans les quartiers.
La balade débute aux Argoulets, espace vert, de sport et de loisirs. On va jusqu’au Parc de la Grande Plaine où se trouve la Cité de l’Espace pour rejoindre le joli parc du Bois de Limayrac.
On traverse les quartiers de La Terrasse et de Firmis par des piétonniers et un autre joli parc arboré pour descendre sur Montaudran.
On reprend de la hauteur par un piétonnier pour passer devant l’église de Montaudran.
La balade continue vers l’ancien aérodrome de Montaudran, zone aujourd’hui réaménagée, urbanisée, où se trouvent la Halle de la Machine et le célèbre Minotaure, la Piste des Géants et les Jardins de la Ligne. Montaudran est le quartier historique de l’aventure aéronautique et aéropostale de Toulouse.
On part vers la ville et le Pont des Demoiselles dont l’origine du nom n’est pas sûre et dont même une dénomination plus ancienne serait beaucoup plus crue … On longe furtivement le Canal du Midi devant le Jardin Monplaisir et on passe devant le Musée Georges Labit et son joli jardin.
On suit ensuite les Allées des Demoiselles où se trouve le Musée de la Résistance et de la Déportation pour rejoindre les grands jardins du centre-ville : Grand-Rond, Jardin Royal, Jardin des Plantes. Ne pas oublier que les jardins toulousains doivent être traversés à pied …
On traverse les quartiers du Busca et des Recollets pour traverser le Jardin Niel, réaménagement de la place d’armes de l’ancienne caserne Niel. Le Busca tient son nom du château (rasé en 1859) de la famille de Busca, riches propriétaires. La métaire du château se tenait dans le quartier. La proximité de bois de saules serait à l’origine du nom du quartier voisin de Sauzelong (« saouzelong », saule allongé). Le poète Henry Montaut (Anric del Busca, 1862-1909) a vécu dans ce quartier.
« De bièro, de clareto, E de bouno piqueto De l’an de la Coumeto Boudiou ! que vaou m’en embuca Per la Balôcho del Busca »
Si le soleil est au rendez-vous et si vous voulez prendre de la hauteur, c’est le moment de grimper sur la colline de Pech-David, au-dessus de l’hôpital Rangueil, et son grand espace vert, lieu de détente et rendez-vous prisé par les étudiants et toutes sortes de noctambules … Une belle vue s’offre sur l’agglomération et la vallée de la Garonne. On peut descendre de Pech-David en suivant le Gr653 qui rejoint le bas de la Rue des Côtes de Pech-David et récupérer le parcours vers Empalot.
On traverse Empalot et la Garonne pour rejoindre l’Île du Ramier où se trouvent notamment la Cité Universitaire et le Stade Daniel Faucher, la piscine Nakache et le Stadium. Daniel Faucher (1882-1970) a été géographe, Professeur puis Doyen de l’Université de Lettres de Toulouse.
Alfred Nakache (1915-1983) a été nageur et joueur de Water-polo et a été déporté à Auschwitz pendant la Seconde Guerre avec son épouse et sa fille. Il en est un des survivants. Il a été plusieurs fois champion de France et d’Europe et a participé aux J-O de Berlin.
« Je sors de la tombe. Il faut avoir vécu la vie de ces camps pour s’imaginer ce que c’était. Quand on fera le compte des rescapés et des manquants, on aura du mal à en croire les chiffres. De 85 kilos, je suis tombé à 61, et je ne dois la vie qu’à ma volonté d’en sortir, de ne pas manger d’immondices ou de cadavres malgré la faim. Je pèse actuellement 70 kilos. »
Parlant de sa femme et sa fille qui ont certainement été gazées dès leur arrivée au camp :
« Aucune nouvelle depuis que nous avons été séparés sur le quai de la gare. Je conserve un faible espoir, un espoir tout de même. Mais toutes les femmes, les enfants et tous les inaptes ont été passés au four crématoire. »
Il retrouvera la compétition et le haut du classement puisqu’il participera aux Jeux Olympiques de Londres en 1948.
Pause au Théâtre de Verdure de l’Île du Ramier et balade le long des quais chers à Claude Nougaro.
On traverse la Garonne sur le Pont Neuf pour faire un saut sur la Prairie des Filtres et emprunter la cyclable le long du fleuve vers le Sud et le Gr861 Via Garona, on rejoint le site de l’Oncopôle où trônent deux pylônes du futur téléphérique qui reliera ce site à l’hôpital de Rangueil et l’Université Paul Sabatier.
Si vous poursuivez le Gr le long de la Garonne, le contraste sera saisissant entre le bord du fleuve assez sauvage et les zones commerciales et industrielles très developpées jusqu’à Roques-sur-Garonne et Muret …Pour notre balade, nous allons chercher la zone sportive de Gironis puis traverser le Mirail pour passer dans le joli parc de la Reynerie et son château, ensemble du XVIIème.
La trace rejoint ensuite l’hippodrome de La Cépière, part vers le Zénith de Toulouse et les Jardins du Barry. On traverse ensuite l’ancien quartier de la Cartoucherie, lui aussi complètement transformé et réurbanisé pour rouler sur une cyclable le long de la voie ferrée qui nous amène à Fontaine Lestang et son parc.
L’Avenue de Muret nous amène à la Croix de Pierre puis au Fer à Cheval.
Les Allées Charles de Fitte nous amènent au Jardin Raymond VI et au Musée d’Art contemporain des Abattoirs pour retrouver les bords de Garonne.
On prend la cyclable sur les berges rive gauche puis on traverse la Garonne pour la remonter rive droite jusqu’aux bassins des Filtres, lieu que j’affectionne particulièrement et les Ponts-Jumeaux.
Les bassins des Filtres et la Prairie des Filtres sont des anciens lieux d’assainissement de l’eau pour la rendre potable pour les Toulousains : galeries filtrantes et puits à la Prairie et bassins avec barrages avec des écrans à poutrelles aux bassins des Filtres.
La Prairie accueillit aussi au début du XXème siècle les premiers matchs de football-rugby du Stade Toulousain.
On longe le Canal de Brienne pour rejoindre le Boulevard Armand Duportal où on peut voir les anciennes fortifications de la ville. Pierre Jean Louis Armand Duportal (1814-1887) a été journaliste et homme politique, Député de Haute-Garonne. Un monument lui est dédié au cimetière de Terre Cabade.
On traverse le Jardin Compans Caffarelli (dont le quartier tire son nom des généraux de la Révolution et de l’Empire Jean Dominique Compans et Marie François Auguste de Cafarelli du Falga (nom qui sonne bien « révolutionaire » …), dont les anciennes casernes militaires du même nom se trouvaient sur l’actuel quartier et le Jardin Japonais pour rouler un peu le long du Canal du Midi cher à Riquet.
J’ai choisi d’aller chercher le joli Jardin Michelet à Bonnefoy avant de monter sur la butte Jolimont et son Jardin de l’Observatoire. La célèbre Colonne qui y a été installée célèbre la drôle de Bataille de Toulouse de 1814 qui opposa les troupes de l’armée impériale commandée par le maréchal Soult aux troupes de la coalition anglo-hispano-portugaise, se soldant par une victoire défensive française, malgré la perte de la ville.
Le dimanche 10 avril 1814, la bataille s’engage. Les Anglais attaquent Saint-Cyprien, mais sont arrêtés aux actuelles allées Charles-de-Fitte. Les Écossais attaquent les Ponts-Jumeaux qui sont défendus par 300 soldats et 5 canons : c’est un nouvel échec. De plus, les Espagnols échouent eux aussi au pont Matabiau et à Jolimont. L’armée britannique arrive toutefois à rejoindre la route de Castres malgré l’inondation de l’Hers et attaque en donnant l’assaut à la redoute de la Cépière. Soult envoie des renforts dont le général Taupin, qui est tué à Jolimont, ce qui permet à Wellington d’occuper Jolimont.
Dans la nuit du 11 au 12 avril 1814, selon un plan magistral, Soult évacue la « ville rose ». Le 12, Wellington entre triomphalement dans Toulouse, acclamé par les royalistes comme un libérateur. L’année suivante, Napoléon Ier revient. À Toulouse, cela ne provoque aucun trouble, mais après la défaite de Waterloo (18 juin 1815), les « Verdets » (ultraroyalistes, habillés de vert) exercent une « terreur blanche » contre les bonapartistes. Le général Ramel, à qui ils ne pardonnent pas d’avoir accepté un commandement de Napoléon lors de son retour, est assassiné le 15 août 1815. (in Wikipédia)
Vous pouvez continuer la balade à travers les quartiers de la Roseraie pour passer devant les anciennes usines Latécoère, Lapujade pour rejoindre le Parc de la Maourine et les Jardins du Muséum, puis les Trois Cocus, les Izards, la zone industrielle de Fondeyre où se trouve le Marché d’Intérêt National, le Canal latéral, la zone verte de Sesquières et son téléski nautique, La Glacière, Lalande, Borderouge et Montblanc.
De superbes graffitis (attention à ne pas se tromper : le tag est une écriture, une signature calligraphiée, le graffiti est un dessin) ornent les murs de la zone industrielle en long de canal. Nous avons pour notre part, à cause d’une météo un peu capricieuse, de revenir au plus court à notre point de départ.
Une (re)découverte de la ville sans passer par les lieux les plus touristiques ou emblématiques qui méritent sans conteste la visite mais dont il ne faut pas se contenter si on veut approfondir sa connaissance de la ville rose.
Et si vous souhaitez visiter la ville rose de façon originale, cliquez sur la carte interactive du site UrbanHist Toulouse :
C’est un réel plaisir de parcourir la ville ainsi, différent de celui vécu dans des endroits bien plus sauvages, sans urbanisme, mais réel.
La trace : Toulouse insolite et histoires … – Visu GPX
La dernière de l’année, faite comme la première en bonne compagnie avec Stéphane (on en a fait d’autres entre-temps, dont une superbe du côté du Ventoux).