Pas d’itinéraire précis ce matin, je vais suivre ma playlist …
Brel, Le plat pays … Je vais prendre la D45 vers Castelnau d’Estrétefonds …
Ce plat pays qui est le sien ne l’est pas tant que ça d’ailleurs, les cyclistes en savent quelque chose … Mais cette chanson est si belle …
Ciel un peu gris, quelques gouttes, Le Nord et ses corons … Même si ce Nord réserve de bien beaux coins et du soleil … Pas besoin de chercher le bleu du ciel dans le bleu des yeux … Et les terrils sont de vraies montagnes …
Un bon vent de face aussi, c’est d’ailleurs pourquoi j’ai pris la D45 vers l’Ouest pour revenir vent de dos … Marche tout droit … Dès que le vent soufflera …
Je reste d’abord sur le goudron : même si le printemps approche, les terrains peuvent encore être gras, je verrai sur le terrain … Et je verrai si je fais long ou court, aujourd’hui je ne suis pas pressé, c’est férié, je ne veux pas travailler, le soleil a passé son bras par la fenêtre, incitation à aller pédaler …
J’ai des sorties à thème : les cours d’eau, les points touristiques juste-là et un peu ou beaucoup plus loin, j’irai jusqu’au bout du monde si tu me le demandais – Ah ! Piaf ! même si elle aimait les hommes avec des bottes de moto, moi c’est en vélo que je n’ai besoin de personne – les voies vertes, etc. Je me dis que ce serait marrant de suivre une route sur tout son itinéraire, la D45 va d’où à où ? La Nationale 7 parcourt 996 km …
Douce France, la belle reprise de Carte de séjour …
Elle est belle notre France en vélo, J’vais partout avec mon vélo, j’ai pu en parcourir quelques coins sur routes, chemins et parfois à travers fourrés et champs, le vélo est idéal pour ça. Allez, hop, tout le monde à la campagne !
J’habite à une quinzaine de kilomètres de Toulouse (moi les kilomètres, je préfère les parcourir sur le vélo qu’à pied et je laisse mon GPS les compter, ça use, ça use) qui est quand même une grande et grosse agglomération (Bon, ce n’est pas New York New York mais c’est plus grand que Joinville le Pont ou Montluçon où je viendrais si ça peut te faire plaisir), très urbanisée donc, mais entourée de coins vallonnés et boisés où la nature est bien présente, de quoi prendre beaucoup de plaisir à se balader en vélo sur les petits chemins.
Les petites routes au mauvais revêtement (vous voyez, celles où l’herbe reprend ses droits au milieu de la chaussée …) ne manquent pas non plus. Moi la balade en vélo, c’est toujours La ballade des gens heureux !
Quand je suis sur le vélo, je laisse aller mes pensées, mon cerveau est aussi en balade, il digresse, même s’il faut quand même être attentif à la route ou au chemin. J’ai un p’tit vélo qui tourne dans ma tête, je roule sans itinéraire fixe, façon de me gâter. J’ai des goûts simples, un chemin, un sous-bois, un fond de vallon, tout me ravit … À chaque sortie, même sur des chemins que je connais bien, la magie opère, j’ai l’impression d’être Au premier jour du reste de ma vie. Quand je suis sur mon vélo, le temps s’arrête ou semble ralentir, il devient un ami, il colore mon pays, quelle que soit la saison
Le soleil fait une apparition, Heal the world et Over the rainbow. C’est sec, je pars avec ma bicyclette sur les petits chemins, mais sans Paulette. J’ai travaillé comme facteur dans mes jobs d’été, en vélo puis en scooter. Aujourd’hui la petite reine est délaissée par les préposés au profit de la voiture parfois électrique …
Je suis le Chemin du Parc et celui de la Cahuzière, pas de crainte de crevaison sur le gravier qui peut être trompeur : nul besoin de Môme Rustine, avec le tubeless et le liquide préventif la crevaison se fait très rare.
Je reviens sur Garidech, Dès que le vent soufflera repasse, je continue sur la D45 vers Gragnague. Et là, un coup de folklore, Les Montagnards … Halte-là, halte-là, halte-là …, je me dis qu’il faut que je trouve un petit truc qui pourrait faire penser à un col de montagne … On a ça dans le coin : le Petit Col, le Petit Tourmalet … Je prends le chemin du Bois des fusillés de la Reulle et sa montée avec ses deux lacets … Ce bois est un lieu chargé d’Histoire : le 27 juin 1944, les SS de la tristement célèbre division Das Reich exécutèrent des résistants prisonniers dans ce bois … Je m’arrête quelques minutes devant la stèle commémorative, minute de silence, je stoppe la playlist … Le Chant des partisans … Je pense à Anne Frank dans son P’tit grenier ou au Chant des Marais …
Je rejoins le Girou et pars vers l’est sur le chemin qui le borde, très agréable mais qui secoue bien, par endroit façon tôle ondulée … Cerisiers roses et pommiers blancs … Je passe près de Verfeil, et si j’allais saluer les Petites filles modèles ? Oui, c’est là, à Saint-Sernin-des-Rais, que reposent Camille et Madeleine de Malaret, les petites filles chères à la Comtesse de Ségur. La Vie de Château … Il n’en manque pas des hôtels particuliers, des maisons de maîtres, des châteaux dans notre Pays de Cocagne …
Je plonge ensuite vers le Lac de la Balerme par une belle descente, je lâche les freins ! À toute berzingue ! C’est rock’n’roll, attention tout de même à ne pas me retrouver à danser le bal des vélos cassés, ou du pilote abîmé …
On part sur les montagnes russes, il avait un joli nom mon guide, je remonte et je redescends ; quand ça va vite, j’ai les yeux qui piquent, à véli vélo, je m’envole ! Vélo vole ! Et si j’allais voir le Laragou ? Petite halte, je m’assieds dans l’herbe, je bois un petit coup d’eau, c’est agréable. L’alcool au guidon, c’est aussi mauvais qu’au volant, une petite bière de temps en temps … Amis de la table ronde !
Je repars vers Bonrepos-Riquet. Ce coin est cher à Riquet, c’est dans le parc de son château qu’il a réalisé des maquettes pour son futur canal … Le chant des cigales, l’ambiance des Marchés de Provence, remontent le long du canal pour résonner jusqu’ici. Je redescends pour longer à nouveau le Girou, je passe à côté de chez moi, je termine ? Non, rappel, bis ! Je repars face au vent vers Lapeyrouse-Fossat, Je t’emmène au vent, sur les crêtes, ça souffle …
Le temps passe … Avec le temps va, tout s’en va … et Le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con on est con … … Je repense à ces chauffards auxquels j’ai affaire (trop souvent) sur mes trajets de vélotaf. Pour me rendre à mon bureau, je prends souvent mon vélo. Heureusement, le mien n’est pas comme dans la chanson de Brassens réquisitionné et je ne finis pas à pied ou sur les mains …
Ô Toulouse me vient alors à l’esprit, je « descends » vers l’agglomération.
Un samedi, il y a moins de monde qu’en semaine, La Complainte de l’heure de pointe, ce que je demande n’est pas difficile : il me faut deux roues, un cadre et quelques rayons qui tournent, une chaîne et aussi quelques vitesses … Croyez-moi, à vélo, je suis plus rapide que la XM de Raymond Citroën … Bon, je ne grille pas les feux rouges … Et à vélo, c’est vrai, la ville ça peut être beau o o …Par contre, il est vrai que l’automobiliste mâle ou femelle (Je t’aime, moi non plus, j’en connais de très cordiaux qui me laissent la priorité, qui saluent, Vous les copains, répondent à mon geste pour les laisser passer, etc.), même en SIMCA 1000, n’aime pas être dépassé par un vélo, même par la gauche. La semaine dernière, j’ai échangé quelques amabilités avec une automobiliste – 500 connards sur la ligne de départ – qui n’avait pas aimé que je la dépasse et donc avait ensuite fait ronfler le moteur et m’avait doublé trop près … J’ai Souvenirs, souvenirs aussi d’un chauffeur de bus qui m’avait collé dans un virage en ville alors que je venais de le doubler correctement … T’as qu’à faire du vélo !
Un remake du clip Bicycle race sur la Rue Alsace, ça aurait de la gueule !
Je conduis mon vélo, je traverse la ville, Nougaro est toujours là, C’est une Garonne, je vais la chercher … Je double quelques citadins sur leur vélo, une cycliste Sexy sur mon vélo qui montre qu’on peut allier élégance et petite reine …
Si vous voulez lire la suite, achetez l’excellent magazine Cycle ! Je suis très heureux d’y être publié dans le numéro de décembre. Je publierai l’intégralité de la nouvelle en janvier.