Rendez-vous cet après-midi en forêt de Buzet avec Sofiane, Vivian et Bruno.
Pas de classement, pas de photo, juste le printemps …
Un peu dur aujourd’hui pour Sofiane mais ce jeune homme ne rechigne pas … En fin de sortie je lui demande si cela a été dur aujourd’hui et s’il reviendra, il répond « Oui. » Je lui précise qu’il a le droit de dire non …
Vivian, toujours placide, appuie quand il faut et on prend de la vitesse … J’en ai déjà parlé, Vivian participe à des sorties avec Handicaf : il fait du ski, il doit partir au Maroc faire de la randonnée … Que de belles expériences et de beaux souvenirs …
Juste le printemps … Nous avons profité de ce bel après-midi en forêt, le printemps est bien là, le terrain est assez sec mais on sent bien que c’est en surface, l’eau est là.
Prochains rendez-vous en avril pour une sortie journée sur les berges de Garonne et en mai avec mes élèves.
Demain, j’entame mon travail avec eux sur le handicap avec le film « De toutes nos forces », superbe film inspiré d’une histoire vraie : un père valide et son fils en situation de handicap participent à un ironman. Un ironman … Moi qui nage comme un fer à repasser, c’est déjà inconcevable … Pas de voyeurisme, pas de misérabilisme, juste un histoire de vie vraiment bien interprétée.
Ensuite, nous passons un petit moment à parler du film et je présente aux élèves des sportifs de haut niveau : Théo Curin, nageur ; Sandrine Martinet, judokate médaillée d’or à Rio; Souad Yamani, joueuse de tennis-fauteuil et Timothée Adolphe, coureur. Je leur parle aussi d’Ibrahim Hamato, pongiste égyptien qui joue en tenant sa raquette dans la bouche et sert en lançant la balle avec son pied, d’Abdellatif Baka, algérien malvoyant médaillé d’or sur 1500 m qui avait couru plus vite que les athlètes valides quelques jours plus tôt aux J.O. de Rio, de Marie-Amélie Le Fur, double médaillée d’or à Rio, de Fabien Lamirault, médaillé d’or en tennis de table, et aussi de Philipe Croizon, nageur de l’extrême.
« L’aide de l’autre m’est vitale et j’aime à la considérer comme un échange, un moment de partage. Pour les hommes, c‘est peut-être un peu plus compliqué car nous avons un sacré problème : l’orgueil ! »
« Mon handicap est spectaculaire. Pour qu’il s’estompe, je dois briser la glace. En racontant des blagues, en faisant le bouffon, cela devient possible. Concentrer tous les regards sur mon sourire. Mais l’humour à tout prix n’a pas de sens… Je contrôle sans cesse, dissimule pour leur laisser penser que je suis fort. »
Je leur parle ensuite du philosophe Alexandre Jollien que m’a fait connaître Noëlle, amie professeur de philosophie qui est intervenue plusieurs fois dans ma classe quand j’étais à Garidech et dont je vous propose deux citations :
« Sortir, c’est toujours se confronter au regard de l’autre »
« L’ennemi absolu c’est la pitié »
Nous verrons aussi le film « Wonder » tiré du roman éponyme que j’ai présenté plusieurs fois en lecture suivie à mes classes.
« Je ne suis pas un garçon de dix ans ordinaire, c’est certain. Oh, bien sûr, je fais des choses ordinaires. Je mange des glaces. Je fais du vélo. Je joue au ballon. J’ai une Xbox. Tout ça fait de moi un enfant comme les autres. Sans doute. Et puis je me sens normal. Au-dedans. N’empêche, lorsqu’un enfant ordinaire entre dans un square, les autres enfants ordinaires ne s’enfuient pas en hurlant. Quand un enfant est normal, les gens ne le fixent pas partout où il va. Voici mon idée : la seule raison pour laquelle je ne suis pas ordinaire, c’est que les autres me voient comme ça. »
Vous le savez ou peut-être que je me répète, « handicap » vient de l’anglais « hand in cap ». Lors de jeux d’échanges d’objets personnels pratiqués en Grande Bretagne, un arbitre, évaluant le prix des objets, était chargé de surveiller l’équivalence des lots afin d’assurer l’égalité des chances des joueurs. Celui qui recevait un objet de valeur supérieure devait donc mettre une certaine somme d’argent dans un chapeau pour rétablir l’équilibre.
De quoi réfléchir et débattre …
Une réponse
Merci pour toutes ces émotions que tu fais passer par tes textes, remarquables. Ils me touchent et m’inspirent cette réflexion : ne sommes-nous pas tous en situation de handicap face au regard des autres ?
Un grand bravo à toutes ces belles personnes avec qui tu partages ces aventures, ces moments de bonheur. Leur courage et leur goût de l’effort imposent bien plus que du respect. De l’admiration ? Oui, un peu quand même, mais surtout de l’envie !
Pardon de l’avoir compris si tard, le plaisir ne vaut que s’il est partagé. Oui, à deux (ou plus…), c’est bien mieux !