J’ai retrouvé cet après-midi Bruno et Sofiane et ai fait connaissance avec Léone avec qui j’ai roulé.
Soleil au rendez-vous et des terrains qui commencent à sécher, conditions idéales pour se faire plaisir sur le vélo.
Sofiane n’était pas en forme aujourd’hui, il a déjà des difficultés à bien positionner ses pieds sur les pédales (ce n’est pas si évident que ça) et à les garder appuyés, aujourd’hui c’est devenu une vraie épreuve, pour lui et son partenaire. Le principe du tandem est de faire équipe, de coopérer, si l’un souffre, l’autre doit compenser et souffre aussi donc. L’aspect sportif est là, un certain dépassement aussi puisque sans le tandem, le vélo ne serait pas accessible à nos partenaires, mais le plaisir doit être aussi présent. Nous avons donc réduit la balade pour Sofiane, triste et rochon, et j’ai fait un petit tour en plus avec Léone.
« Génial », « Ça, c’est fait ! » ont été ses principales paroles, avec de grands cris de plaisir dans les quelques descentes où nous avons « lâché les freins ».
Léone a 31 ans et est originaire d’Agen. Elle fonctionne au « tout ou rien » : quand elle appuie, tu sens l’accélération et le moteur qui vrombit mais quand elle arrête, tu te retrouves bloqué sur les pédales, ça surprend la première fois. Il faut donc discuter, accompagner, expliquer. Je lui a par exemple expliqué comment se lever quand on passe un obstacle, elle s’y est essayé, « Ça, c’est fait ! ».
Nous avons fait une douzaine de kilomètres, pas mal non ?
Au retour, nous avons rencontré un autre groupe de Marie-Louise qui était venu marcher avec un autre éducateur qui s’appelle aussi Bruno. Cédric était là avec Camille, une sacrée papoteuse que nous devrions retrouver le 22 mai avec mes élèves pour notre sortie commune.
Je ne suis pas dans la bonne action, dans le voyeurisme ou le misérabilisme quand je roule avec ces amis handicapés (je dis « amis » car j’y vais sans à priori, dans un rapport de simplicité et d’humilité), je partage un peu de temps avec d’autres êtres humains, tout simplement, des êtres qui méritent de vivre leur vie mais qui ont un peu plus besoin qu’on les accompagne, qu’on les aide dans leur quotidien. Ils ont leurs rires, leurs coups durs, ils doivent certainement par contre un peu plus supporter le regard des autres, les gens qui se disent « normaux ». On ne doit pas les laisser sur le côté et des associations comme Marie-Louise oeuvrent à ça, notre société ne fait pas assez c’est sûr, le social ne paie pas … Et ce ne doit pas être facile tous les jours pour eux comme pour les valides qui les accompagnent … Mais c’est la vie, c’est comme ça, eux aussi doivent vivre avec leur handicap et avancer. Et ils font leur chemin, à pied, en fauteuil ou en tandem !