Je retrouve Bruno, Vivian et Jennyfer pour fêter la nouvelle année sportivement en tandem.
Vivian et Jennyfer sont bien équipés, nous nous retrouvons avec plaisir et nous nous souhaitons la bonne année.
Tous deux ont passé de bonnes fêtes, avec leurs familles. Vivian a passé le premier de l’an à Marseille avec un groupe, il a visité Notre-Dame de la Garde, le stade vélodrome, réveillonné et même dansé. Jennyfer a eu un beau collier pour Noël.
Les résidants de la M.A.S. qui viennent faire du tandem sont volontaires. Jennyfer est en pleine forme, elle est même venue avec un groupe de Marie-Louise lundi matin faire de la course à pied et de la marche. Nous en avons donc profité pour « attaquer » de temps en temps et laisser Bruno derrière (c’est assez rare d’arriver à le distancer), Jennyfer était ravie et s’encourageait en appuyant fort sur les pédales : « Allez Jenny ! » ou « Oh, punaise, Bruno il est derrière ! ».
Oui, nous faisons du sport. Pendant ces moments sur le tandem, on permet à nos coéquipiers de découvrir une activité originale, qu’ils ne pourraient pratiquer seuls (faire du vélo), cette activité comprend une part sportive.
Faire du tandem est une vraie activité d’équipe, il n’y a pas juste un pilote et une personne derrière qui pédale aussi, il doit y avoir une synergie, même de la complicité. Cette complicité, on l’a à travers nos discussions, on parle de la vie du foyer, du petit copain qui n’en est plus un car il n’était pas gentil, je partage un peu de la vie des résidents qui font du tandem avec moi, je leur parle aussi de moi, de mes enfants, … Quand ils me questionnent.
En fin de balade, deux dames viennent me voir pour me dire que c’est bien ce que nous faisons là. Je leur dis que c’est bien aussi pour moi, c’est un moment de plaisir partagé. Sans prétention, j’essaie de faire plaisir, j’essaie de stimuler en discutant, en poussant (ou en encourageant) à pédaler fort par moments, de donner quelques sensations dans quelques descentes en « lâchant » la machine (essayez de monter derrière un tandem !) mais je prends aussi du plaisir, c’est un réel échange.
Et comme le veut la coutume en début d’année, je fais un vœu. Il n’est pas très original, beaucoup le font.
Le handicap se voit, pourquoi le cacher, pourquoi ne pas le voir comme une simple différence comme la couleur des cheveux, la taille (ne se moque-t-on pas si facilement des plus grands, des plus maigres, des plus gros ?), l’âge, etc. Une différence qui amène un échange, un partage.
Les personnes en situation de handicap vivent cette situation avec plus ou moins d’autonomie, certaines ont besoin de structures spécialisées, certaines vont y passer leur vie … Et cela à un coût, comme l’Éducation, comme la Médecine, … De l’argent qui ne rapporte pas, il n’y pas de transaction marchande …
Je suis persuadé que nos sociétés modernes ont les moyens de donner une chance à chacun de vivre décemment, les Institutions démissionnent quelque peu sur ces sujets et heureusement (mais ce n’est normal que l’on doive pallier ainsi à ce désengagement) des Associations comme Marie-Louise existent et proposent des structures adaptées, respectueuses de l’individu. Bravo à tous ceux qui œuvrent bénévolement ou qui travaillent dans ces structures ou dans les structures plus institutionnelles.
Je fais donc le vœu qu’enfin nos sociétés modernes deviennent (ou redeviennent) plus humaines ou plus humanistes, que ce soit vis-à-vis des personnes en situation de handicap et de façon plus générale, globale. Et ce n’est pas utopique ! Les gens de pouvoir aiment bien « noircir » le tableau pour nous faire accepter beaucoup de choses …