Je retrouve avec plaisir Christelle, Sofiane et Bruno.
Cela faisait plusieurs mois que je n’avais pas vu Christelle, elle a dû subir une opération de la hanche pour qu’on lui pose une prothèse, longue convalescence ensuite, pour elle c’était la reprise des activités physiques.
Christelle est ravie de me revoir, elle me le dit, elle me parle aussi de mon fils Bastien qui nous avait accompagnés il y a plus d’un an. Je suis content de voir et d’entendre que nos sorties laissent des souvenirs, que les résidents en parlent au foyer, dans leur famille. J’avais offert à chacun de mes coéquipiers de tandem un petit diplôme avec une photo, Christelle l’a sur le mur de sa chambre au foyer. Le peu que je donne, que je partage laisse un trace, j’en suis très content.
Christelle est toujours aussi volubile.
Sofiane est toujours aussi souriant. Le bas de son pantalon aura particulièrement souffert aujourd’hui, nous avons lancé une nouvelle mode !
Je leur parle des vacances qui approchent et de Noël. Sofiane voudrait un téléphone portable. Christelle elle veut un soin chez une esthéticienne pour être belle, « J’ai le droit ! », « J’ai envie ! ». Bien sûr je lui demande si elle a un amoureux. « Oui, j’ai un chéri, c’est Michael ! » me dit-elle avec entrain.
Le sujet des relations amoureuses n’est pas tabou pour ces adultes, ni interdit, et ne doit pas l’être. Ils en parlent avec leurs familles, avec leurs éducateurs, ils sont accompagnés dans ce dialogue. Pour eux, les relations amoureuses sont assez « simples », peu de véritables couples au sens habituel du terme se forment, ce sont des amourettes mais ils ont le droit de s’y investir, d’y croire aussi.
Nous faisons le tour de la forêt de Buzet, Christelle appuie fort sur les pédales, j’ai même à un moment enlevé les pieds des pédales pour lui montrer que c’était elle qui nous faisait avancer.
Un petit mot sur Bruno, éducateur spécialisé. On discute pas mal aussi ensemble lors de nos « virées » en tandem. Petit coup de chapeau car il exerce un métier très particulier et peu mis en valeur dans notre société ; il est très à l’écoute de ses résidants et très professionnel, quand il le faut il recadre car le besoin est là, il encourage, il accompagne, ce ne doit pas être évident tous les jours, moi je ne vois les résidents qu’une fois de temps en temps, c’est « facile » même si … C’est passionné par tout ce qu’il fait, il est très investi aussi dans le monde du rugby …
On ne parle toujours pas assez du handicap dans notre société moderne consommatrice et élitiste, on ne fait pas assez pour intégrer le handicap dans la norme, on ne met pas assez en lumière tous ceux qui travaillent dans ces structures. Parfois peut-être certaines de ces structures ont-elles du mal à s’ouvrir sur l’extérieur, ce n’est visiblement pas le cas pour Marie-Louise.
Rendez-vous en 2016 !