Bicyclette et organes génitaux, Dr Ludovic O’Followell
En 1900, la toute jeune médecine du sport est secouée par un débat autour d’une pratique qui se généralise : la bicyclette. Certains l’accusent de tous les maux et voient même dans cet engin une menace nouvelle sur la natalité déjà en berne de la France. La fréquentation assidue de la selle menacerait la virilité masculine et pourrait nuire à la fertilité des femmes.
Et surtout, en pleine naissance du féminisme, la bicyclette ne serait-elle pas un autre outil d’émancipation ? La femme prenant du plaisir sexuel sur sa petite reine – comme elle le fait pense-t-on alors sur la machine à coudre – ne serait-elle pas tenté de déserter le lit conjugal au risque d’accélérer le déclin de la France ? Le cyclisme féminin devient une question de défense nationale !
Rien de tout ça pour le Dr O’Followell ! C’est un moderne qui contribue au débat en voyant dans la bicyclette une chance pour tonifier les organes – tous les organes -, rapprocher les couples, lutter contre l’alcoolisme dévastateur et repeupler le pays.
Merci docteur !
Forcenés, Philippe Bordas
Le cyclisme prend la mesure du monde dans ses excès ; il exige démesure de l’homme, une tension complète qui touche aux organes et au cerveau. C’est le lieu infernal du maximalisme. Le cyclisme n’a duré qu’un siècle. Ce qui s’appelle encore cyclisme et se donne en spectacle n’est que farce, artefact à la mesure d’un monde faussé par la pollution, la génétique et le bio-pouvoir. Je veux donner l’entr’aperçu d’un monde avant sa fin. Passer le chiffon, une dernière fois, dans la Salle des illustres. Mettre un peu d’ordre parmi mes forcenés, mes champions insensés – renommer les poètes et les irréguliers qui suivent à travers champs. Rien n’obsède comme ces histoires fabulées, ces portraits amoureux, ces mythologies usinées par le peuple, ces étincelles d’Eurovision. Ce que Benjamin nomme » illuminations profanes « . Ces croyances minimes. Ces noblesses inventées.