Ça faisait un petit moment que nous n’avions pas roulé avec Marie-Louise, quelques imprévus, il fallait remédier à cela, ne serait-ce que pour le plaisir partagé lors de ces sorties.

Bruno est maintenant à la retraite, il est bien occupé avec sa puce de 2 ans mais est toujours motivé par nos sorties. Je pense aussi que tu quittes un tel boulot, tu restes attaché à toutes ces personnes pour qui tu t’es dévoué.
Comme il n’est plus salarié à Marie-Louise, il fallait qu’un éducateur en activité nous accompagne. Alice a repris le flambeau avec enthousiasme, elle avait déjà eu l’occasion de nous accompagner sur des sorties avec l’école.
L’activité tandem mobilise un éducateur pour un résident contrairement aux autres activités qui se font souvent en groupes. Il faut donc aussi que l’administration accepte de mobiliser ce temps pour cela.
Pour ma part, je pense que ça en vaut la peine : les résidents sont toujours enthousiastes quand on sort les tandems et au-delà du plaisir qu’ils y prennent (même s’il faut parfois les pousser dans leurs limites mais c’est très utile pour eux) les aspects psychomoteur et sportif sont aussi très bénéfiques.

Même si nous ne sommes pas vus depuis l’automne, j’ai toujours droit à un accueil très chaleureux au foyer. Aujourd’hui particulièrement avec une fin de semaine dernière et un début de semaine très compliqué à l’école, cela m’a fait un bien fou de voir Jean-Christophe courir vers moi, me saluer façon câlin de la tête, là tu te dis « Je vais passer un bon moment ! », ça permet aussi de relativiser, de se dire qu’il serait bon que nous allions tous à l’essentiel … C’est aussi pour cela que je milite pour une plus grande visibilité, une plus grande reconnaissance (dans le sens donner plus la parole, écouter, faire plus participer à la vie publique en général, pas pour se donner bonne conscience ou faire semblant) des personnes en situation de handicap. Le petit truc en moins qui est en fait un sacré truc en plus devrait nous guider dans beaucoup de nos choix, personnels, politiques, etc. C’est malheureusement encore du domaine de l’utopie même si les choses évoluent lentement.

J’ai donc retrouvé Cédric, Geoffrey et Sofiane, Bruno et Alice au Foyer à Gratentour.

Comme cela faisait un petit moment que nous n’avions pas roulé, Bruno m’avait demandé de prévoir une boucle sans trop de dénivelé, j’avais donc prévu de rouler vers Pechbonnieu en restant sur le coteau, de faire une petite boucle là-bas et revenir au foyer tranquillement.

Poser une mine … En jargon cycliste, ça veut dire lancer une attaque debout sur les pédales pour faire exploser les coureurs à sa hauteur, souvent en montée, façon Pogacar … Alice a bien compris que nous aimions tous bien rigoler et de temps en temps nous tirer la bourre, elle l’a fait dans un virage en petite montée en profitant d’une erreur de ma part sur un changement de vitesse, Bruno et Sofiane étaient derrière. Cédric a bien joué le jeu et a appuyé fort avec elle. Je me suis fait gronder par Geoffrey qui roulait avec moi ! Elle a en rajouté avec Cédric un peu plus loin sur du plat mais nous avons réagi en flandriens avec Geoffrey sur la grosse plaque et avons contré …

Sofiane était particulièrement taquin aujourd’hui, nous avons bien plaisanté. Il toujours amoureux de Tatiana qui est d’ailleurs venue l’accueillir à son retour.
Sofiane doit se déplacer avec un déambulateur, en tandem il s’en affranchit, il lui est difficile de garder toujours les pieds en appui sur les pédales mais il reprend vite le pédalage quand ses pieds glissent, l’exercice est très bénéfique pour lui et il y prend toujours plaisir et peut appuyer fort. Geoffrey est plus dans la retenue mais nous avons pu discuter, comme ça faisait un moment qu’il n’était pas monté sur le tandem il était un peu crispé sur sa selle, et comme il n’est pas vraiment léger j’ai dû bien tenir le guidon pour contrer ses mouvements et bien tenir le tandem droit.
Le tandem ne peut vraiment se pratiquer que si les deux partenaires communiquent, appuient en même temps, au même rythme. Je l’ai encouragé et félicité à chaque fois que je sentais qu’il appuyait fort sur les pédales.

Cédric a roulé avec Alice, il est toujours bavard, on essaie de le comprendre pour répondre mais il ne nous en tient pas rigueur. Lui aussi est capable d’appuyer fort quand on le stimule.

Encore un bon moment passé avec les amis de Marie-Louise !